Quelle est l’importance de la confiance en soi pour un sportif ?

 
8 octobre 2024
 
Image Quelle est l’importance de la confiance en soi pour un sportif ?

Pour info : cet article ne s’adresse pas qu’aux sportifs mais à tout personne intéressée à mieux comprendre la confiance en soi dans sa vie privée ou professionnelle.

De nombreuses études scientifiques démontrent à l’évidence que la confiance est le paramètre le plus constant qui différencie les sportifs qui réussissent le mieux par rapport à ceux qui ont moins de succès. Dès lors, les athlètes les plus performants croient toujours beaucoup en leurs compétences.

« La confiance en soi est le premier secret du succès » Ralph Waldo Emerson (1)
« Gardez toujours à l’esprit que votre propre décision de réussir est plus importante que n’importe quoi d’autre » Dr Abraham Lincoln (2)
« Ils peuvent parce qu’ils pensent qu’ils peuvent » Virgile (3)

Ces citations mettent en évidence l’importance de la confiance en soi. Ceci a déjà été illustré depuis de nombreux siècles, par exemple par les philosophes grecs.

Qu’est-ce que la confiance en soi ?
Il n’est pas aisé de la définir précisément. En psychologie du sport, la confiance est la conviction de pouvoir réussir. En fait, c’est la conviction du succès. Lorsqu’un athlète doute de ses propres aptitudes, il tombe inconsciemment dans la prophétie autoréalisatrice. Le sociologue Robert K. Merton (4) la précise ainsi : »La prophétie autoréalisatrice est une définition d’abord fausse d’une situation, mais cette définition erronée suscite un nouveau comportement, qui la rend vraie. » Donc, l’individu victime de cette prophétie autoréalisatrice se met dans une puissante barrière psychologique. Ceci est également confirmé par l’effet Pygmalion. Cet effet est une prophétie autoréalisatrice qui provoque une amélioration des performances d’un sujet, en fonction du degré de croyance en sa réussite venant d’une autorité ou de son environnement. L’origine de cet effet est très ancienne, il provient de l’antiquité grecque. (5)

Voici, expliqué différemment, ce qui peut mettre l’athlète dans un cercle vertueux ou vicieux, respectivement dans la spirale du succès ou de la défaite :
- Nos propres croyances influencent nos comportements
- Les croyances des autres sur nous influencent les actions des autres sur nous
- Les actions des autres sur nous influencent nos croyances

Le professeur Robert Rosenthal (6) Docteur en psychologie, a mené plusieurs études à ce sujet. Une expérience intéressante avait été faite sur des enfants. Les élèves sont soumis à des tests de quotient intellectuel. Les résultats sont transmis aux enseignants, mais en fait ce ne sont pas réellement ceux des enfants. A la fin de l’année scolaire, les élèves dont les enseignants pensaient qu’ils étaient plus doués ont effectivement obtenu de meilleurs résultats ! Donc, le simple fait qu’un sportif croit en ses compétences optimise ses chances de réussir ses objectifs. Il en va de même pour une personne tierce qui croit en les capacités d’un individu. Dans les deux cas, le sportif sera mis en confiance et aura un fort impact sur sa motivation et son état d’esprit. Tout cela génère de meilleurs comportements.

En tant que sportifs, nous avons une superbe opportunité qui n’est pas toujours saisie. En effet, grâce à la préparation mentale, de nombreux exercices simples vous permettent de travailler sur vos croyances. N’oublions jamais que ces dernières peuvent être limitantes, paralysantes ou stimulantes. Il faudra aussi de déterminer au préalable s’il s’agit d’un manque de confiance global (trait de la personnalité) ou d’un manque de confiance spécifique ou momentané.

Quels sont les bénéfices de la confiance ?
Grâce à un niveau de confiance optimal, vous maximisez beaucoup les chances de succès. Mentionnons quelques bienfaits de la confiance (7) :

La confiance provoque des émotions positives. En étant confiant, le sportif est plus détendu. Cette détente corporelle permet aussi d’être agressif et de s’affirmer

La confiance favorise votre concentration. L’esprit est plus libre et permet donc de se concentrer sur la tâche à accomplir

La confiance renforce votre persévérance. A aptitudes égales, les sportifs gagnants en compétition sont ceux qui sont plus persévérants

La confiance a un impact important sur les stratégies de jeu. Nous entendons souvent « jouer pour gagner » ou « jouer pour ne pas perdre ». Ces expressions se ressemblent, par contre, elles provoquent des styles de jeu très différents. Les compétiteurs confiants jouent pour gagner, ils ne craignent pas le risque et prennent le contrôle de la compétition. Lorsqu’ils manquent de confiance, ils jouent pour ne pas perdre, ils sont hésitants et essaient d’éviter les erreurs.

La confiance détermine vos moments de force psychologique. En effet, les inversions de moments de force sont des éléments primordiaux qui conditionnent la victoire ou la défaite. La confiance est un ingrédient majeur de ce processus.

Quel est le niveau optimal de confiance ?
Chaque sportif a son propre niveau optimal de confiance. Par contre, nous pouvons déduire quelques généralités. Le manque et l’excès de confiance péjorent les performances. Le doute crée de l’anxiété et détériore le rendement. L’excès de confiance provoque un manque de préparation et réduit la persévérance. La théorie du U inversé est souvent utilisé pour démontrer le niveau de confiance optimal.

Que signifie l’inventaire de la confiance ?
Beaucoup de personnes pensent que l’on a la confiance ou qu’on ne l’a pas. Le degré de confiance n’est pas stable. Par exemple, le succès augmente celui-ci et appelle le succès (spirale du succès). Le préparateur mental peut aider l’athlète en établissant un inventaire et en considérant des situations différentes.

Comment améliorer concrètement sa confiance ?
Il n’est jamais inutile de rappeler que la préparation s’avère un élément essentiel. Davantage l’athlète s’est-il préparé, plus sa confiance sera importante. L’environnement du sportif est également important, soit le rôle des entraîneurs, de la famille et des amis. Les encouragements et les feed-back positifs sincères renforcent la confiance.

Dans le cadre de la préparation mentale, il existe de nombreux exercices qui sont efficaces. Citons-en quelques-uns d’une manière non exhaustive :

Exercices sur le conditionnement
Exercices sur les canaux de perception
Exercices sur la « déprogrammation » des pensées limitantes/paralysantes
Exercices sur l’imagerie interne
Exercices sur l’imagerie externe
L’auto-hypnose
Exercices sur l’ancrage
Exercices sur le désancrage

Le préparateur mental aidera le sportif à choisir le ou les exercices qui lui conviennent le mieux. Ces exercices nécessitent peu de temps et donnent de très bons résultats.

Qu’est-ce que l’auto-efficacité ?
Le célèbre psychologue Albert Bandura (8), un des chercheurs en psychologie les plus influents du 20ème siècle, définit l’auto-efficacité comme les « croyances d’un individu en sa capacité à organiser et appliquer les plans d’action nécessaires pour réaliser des performances données. » A cet égard, l’auto-efficacité est une forme de confiance en soi spécifique, elle constitue un volet essentiel de ce que Bandura appelle la théorie sociale cognitive dans laquelle interviennent également la gestion de soi et la maîtrise de soi. Pour que l’auto-efficacité se développe, l’individu doit être convaincu de sa maîtrise de soi et du caractère intentionnel des actes qu’il a accomplis. Si un sportif est persuadé de contrôler la situation et de pouvoir obtenir certains résultats, il aura la motivation nécessaire pour que les choses se réalisent. Un athlète efficace est donc un athlète motivé, disposé à faire tous les efforts nécessaires pour connaître du succès car il est convaincu qu’il peut réussir. Albert Bandura propose quatre éléments essentiels au développement de l’auto-efficacité (9) :

1) Exécution réussie. Pour que l’auto-efficacité se développe, l’athlète doit connaître du succès. Lorsque la tâche est difficile, l’attente est irréaliste et l’entraîneur doit alors garantir le succès en diminuant le niveau de difficulté.
2) Expérience vicariante. L’utilisation du modèle peut permettre aux athlètes de réussir. Pour apprendre une technique, l’athlète a besoin de copier un modèle. Il peut s’agir de l’entraîneur, d’un coéquipier, d’un film ou d’une vidéo. Il s’agir de l’apprentissage par observation-modélisation.
3) Persuasion verbale. La persuasion verbale prend généralement la forme d’encouragements de la part de l’entraîneur, des parents ou des pairs.
4) Eveil émotionnel. L’éveil émotionnel est physiologique sont des facteurs qui peuvent influencer les dispositions de l’apprentissage. A ce stade, il est important de comprendre que, pour être attentif, il faut être émotionnellement prêt et afficher un éveil optimal (voir à ce sujet mon dernier article sur l’activation).

Au travers de cet article, vous pouvez constater que l’aspect de la confiance en soi est souvent abordé d’une façon très basique, alors que celle-ci est un paramètre vital pour parvenir à la réussite. Le préparateur mental, en accompagnant le sportif, l’aidera à établir un bilan. Ce bilan ciblé, il lui proposera certains exercices qui amélioreront son niveau de confiance, et ce, aussi pour des situations particulières. Ces éléments lui permettront d’atteindre plus souvent le « flow » et d’y rester plus longtemps.

Romain Ducret Coach mental professionnel
Président de la Swiss Ethics Coaching Association
Membre de la SASP (Swiss Association of Sport Psyhology)


Références :
(1) Ralph Waldo Emerson (1803-1828): poète, philosophe, essayiste américain
(2) Dr Abraham Lincoln (1809-1865) : Président des Etats-Unis de 1860 à 1865
(3) Virgile (70 av. J.-C.-19 av. J.-C.) : écrivain et poète latin de la fin de la République romaine et du début du règne de l’empereur Auguste
(4) Dr. Robert K. Merton (1910-2003), sociologue américain, professeur d’université et ancien Président de l’association américaine de sociologie
(5) Journal of applied psycholgy « Remedial self-fulfilling prophecy »
(6) Prof. Robert Rosenthal (1933-2024) : psychologue américain, professeur à l’université de Harvard et à l’université de Californie à Riverside
(7) Psychologie du Sport et de l’activité physique, Weinberg/Gould
(8) Albert Bandura (1925-2021) : psychologue canadien et professeur émérite de psychologie à l’université de Stanford (USA)
(9) Psychologie du Sport, Richard H. Cox

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