Pour info : cet article ne s’adresse
pas qu’aux sportifs mais à tout personne intéressée à mieux comprendre la
confiance en soi dans sa vie privée ou professionnelle.
De nombreuses études scientifiques démontrent à l’évidence que la
confiance est le paramètre le plus constant qui différencie les sportifs qui
réussissent le mieux par rapport à ceux qui ont moins de succès. Dès lors, les
athlètes les plus performants croient toujours beaucoup en leurs compétences.« La confiance en soi est le premier secret du succès » Ralph
Waldo Emerson (1)
« Gardez toujours à l’esprit que votre propre décision de réussir
est plus importante que n’importe quoi d’autre » Dr Abraham Lincoln (2)
« Ils peuvent parce qu’ils pensent qu’ils peuvent » Virgile
(3)
Ces citations mettent en évidence l’importance de la confiance en soi.
Ceci a déjà été illustré depuis de nombreux siècles, par exemple par les
philosophes grecs.
Qu’est-ce que la confiance en soi ?
Il n’est pas aisé de la définir précisément. En psychologie du sport,
la confiance est la conviction de pouvoir réussir. En fait, c’est la conviction
du succès. Lorsqu’un athlète doute de ses propres aptitudes, il tombe
inconsciemment dans la prophétie autoréalisatrice. Le sociologue Robert K.
Merton (4) la précise ainsi : »La prophétie autoréalisatrice est une définition
d’abord fausse d’une situation, mais cette définition erronée suscite un
nouveau comportement, qui la rend vraie. » Donc, l’individu victime de
cette prophétie autoréalisatrice se met dans une puissante barrière
psychologique. Ceci est également confirmé par l’effet Pygmalion. Cet effet est
une prophétie autoréalisatrice qui provoque une amélioration des performances
d’un sujet, en fonction du degré de croyance en sa réussite venant d’une
autorité ou de son environnement. L’origine de cet effet est très ancienne, il
provient de l’antiquité grecque. (5)
Voici, expliqué différemment, ce qui peut mettre l’athlète dans un
cercle vertueux ou vicieux, respectivement dans la spirale du succès ou de la
défaite :
-
Nos propres croyances influencent nos
comportements
-
Les croyances des autres sur nous influencent
les actions des autres sur nous
-
Les actions des autres sur nous influencent nos
croyances
Le professeur Robert Rosenthal (6) Docteur en psychologie, a mené
plusieurs études à ce sujet. Une expérience intéressante avait été faite sur
des enfants. Les élèves sont soumis à des tests de quotient intellectuel. Les
résultats sont transmis aux enseignants, mais en fait ce ne sont pas réellement
ceux des enfants. A la fin de l’année scolaire, les élèves dont les enseignants
pensaient qu’ils étaient plus doués ont effectivement obtenu de meilleurs
résultats ! Donc, le simple fait qu’un sportif croit en ses compétences
optimise ses chances de réussir ses objectifs. Il en va de même pour une
personne tierce qui croit en les capacités d’un individu. Dans les deux cas, le
sportif sera mis en confiance et aura un fort impact sur sa motivation et son
état d’esprit. Tout cela génère de meilleurs comportements.
En tant que sportifs, nous avons une superbe opportunité qui n’est pas
toujours saisie. En effet, grâce à la préparation mentale, de nombreux
exercices simples vous permettent de travailler sur vos croyances. N’oublions
jamais que ces dernières peuvent être limitantes, paralysantes ou stimulantes.
Il faudra aussi de déterminer au préalable s’il s’agit d’un manque de confiance
global (trait de la personnalité) ou d’un manque de confiance spécifique ou
momentané.
Quels sont les bénéfices de la confiance ?
Grâce à un niveau de confiance optimal, vous maximisez beaucoup les
chances de succès. Mentionnons quelques bienfaits de la confiance (7) :
La confiance provoque des émotions positives. En étant confiant, le
sportif est plus détendu. Cette détente corporelle permet aussi d’être agressif
et de s’affirmer
La confiance favorise votre concentration. L’esprit est plus libre et
permet donc de se concentrer sur la tâche à accomplir
La confiance renforce votre persévérance. A aptitudes égales, les
sportifs gagnants en compétition sont ceux qui sont plus persévérants
La confiance a un impact important sur les stratégies de jeu. Nous
entendons souvent « jouer pour gagner » ou « jouer pour ne pas
perdre ». Ces expressions se ressemblent, par contre, elles provoquent des
styles de jeu très différents. Les compétiteurs confiants jouent pour gagner,
ils ne craignent pas le risque et prennent le contrôle de la compétition. Lorsqu’ils
manquent de confiance, ils jouent pour ne pas perdre, ils sont hésitants et
essaient d’éviter les erreurs.
La confiance détermine vos moments de force psychologique. En effet,
les inversions de moments de force sont des éléments primordiaux qui
conditionnent la victoire ou la défaite. La confiance est un ingrédient majeur
de ce processus.
Quel est le niveau optimal de confiance ?
Chaque sportif a son propre niveau optimal de confiance. Par contre,
nous pouvons déduire quelques généralités. Le manque et l’excès de confiance
péjorent les performances. Le doute crée de l’anxiété et détériore le
rendement. L’excès de confiance provoque un manque de préparation et réduit la
persévérance. La théorie du U inversé est souvent utilisé pour démontrer le
niveau de confiance optimal.
Que signifie l’inventaire de la confiance ?
Beaucoup de personnes pensent que l’on a la confiance ou qu’on ne l’a
pas. Le degré de confiance n’est pas stable. Par exemple, le succès augmente
celui-ci et appelle le succès (spirale du succès). Le préparateur mental peut
aider l’athlète en établissant un inventaire et en considérant des situations
différentes.
Comment améliorer concrètement sa confiance ?
Il n’est jamais inutile de rappeler que la préparation s’avère un
élément essentiel. Davantage l’athlète s’est-il préparé, plus sa confiance sera
importante. L’environnement du sportif est également important, soit le rôle
des entraîneurs, de la famille et des amis. Les encouragements et les feed-back
positifs sincères renforcent la confiance.
Dans le cadre de la préparation mentale, il existe de nombreux
exercices qui sont efficaces. Citons-en quelques-uns d’une manière non
exhaustive :
Exercices sur le conditionnement
Exercices sur les canaux de perception
Exercices sur la « déprogrammation » des pensées
limitantes/paralysantes
Exercices sur l’imagerie interne
Exercices sur l’imagerie externe
L’auto-hypnose
Exercices sur l’ancrage
Exercices sur le désancrage
Le préparateur mental aidera le sportif à choisir le ou les exercices
qui lui conviennent le mieux. Ces exercices nécessitent peu de temps et donnent
de très bons résultats.
Qu’est-ce que l’auto-efficacité ?
Le célèbre psychologue Albert Bandura (8), un des chercheurs en
psychologie les plus influents du 20ème siècle, définit
l’auto-efficacité comme les « croyances d’un individu en sa capacité à
organiser et appliquer les plans d’action nécessaires pour réaliser des
performances données. » A cet égard, l’auto-efficacité est une forme de
confiance en soi spécifique, elle constitue un volet essentiel de ce que
Bandura appelle la théorie sociale cognitive dans laquelle interviennent
également la gestion de soi et la maîtrise de soi. Pour que l’auto-efficacité
se développe, l’individu doit être convaincu de sa maîtrise de soi et du
caractère intentionnel des actes qu’il a accomplis. Si un sportif est persuadé
de contrôler la situation et de pouvoir obtenir certains résultats, il aura la
motivation nécessaire pour que les choses se réalisent. Un athlète efficace est
donc un athlète motivé, disposé à faire tous les efforts nécessaires pour
connaître du succès car il est convaincu qu’il peut réussir. Albert Bandura
propose quatre éléments essentiels au développement de l’auto-efficacité (9) :
1)
Exécution réussie. Pour que l’auto-efficacité se
développe, l’athlète doit connaître du succès. Lorsque la tâche est difficile,
l’attente est irréaliste et l’entraîneur doit alors garantir le succès en
diminuant le niveau de difficulté.
2)
Expérience vicariante. L’utilisation du modèle
peut permettre aux athlètes de réussir. Pour apprendre une technique, l’athlète
a besoin de copier un modèle. Il peut s’agir de l’entraîneur, d’un coéquipier,
d’un film ou d’une vidéo. Il s’agir de l’apprentissage par
observation-modélisation.
3)
Persuasion verbale. La persuasion verbale prend
généralement la forme d’encouragements de la part de l’entraîneur, des parents
ou des pairs.
4)
Eveil émotionnel. L’éveil émotionnel est
physiologique sont des facteurs qui peuvent influencer les dispositions de
l’apprentissage. A ce stade, il est important de comprendre que, pour être
attentif, il faut être émotionnellement prêt et afficher un éveil optimal (voir
à ce sujet mon dernier article sur l’activation).
Au travers de cet
article, vous pouvez constater que l’aspect de la confiance en soi est souvent
abordé d’une façon très basique, alors que celle-ci est un paramètre vital pour
parvenir à la réussite. Le préparateur mental, en accompagnant le sportif, l’aidera
à établir un bilan. Ce bilan ciblé, il lui proposera certains exercices qui
amélioreront son niveau de confiance, et ce, aussi pour des situations
particulières. Ces éléments lui permettront d’atteindre plus souvent le
« flow » et d’y rester plus longtemps.
Romain Ducret Coach
mental professionnel
Président de la Swiss
Ethics Coaching Association
Membre de la SASP
(Swiss Association of Sport Psyhology)
Références :
(1) Ralph Waldo
Emerson (1803-1828): poète, philosophe, essayiste américain
(2) Dr Abraham
Lincoln (1809-1865) : Président des Etats-Unis de 1860 à 1865
(3) Virgile (70 av. J.-C.-19 av. J.-C.) :
écrivain et poète latin de la fin de la République romaine et du début du règne
de l’empereur Auguste
(4) Dr. Robert K.
Merton (1910-2003), sociologue américain, professeur d’université et ancien
Président de l’association américaine de sociologie
(5) Journal of applied psycholgy
« Remedial self-fulfilling prophecy »
(6) Prof. Robert
Rosenthal (1933-2024) : psychologue américain, professeur à l’université
de Harvard et à l’université de Californie à Riverside
(7) Psychologie du
Sport et de l’activité physique, Weinberg/Gould
(8) Albert Bandura
(1925-2021) : psychologue canadien et professeur émérite de psychologie à
l’université de Stanford (USA)
(9) Psychologie du
Sport, Richard H. Cox