La fin d’une carrière sportive est un moment très sensible à
gérer. « Pour un sportif d’élite qui a créé des dépendances, c’est un peu
comme s’il perdait ses repères, sa maison, sa famille, explique Romain Ducret,
coach mental professionnel. Cela s’apparente à se retrouver seul. Il ressent un
grand vide. Ce genre de frustration ne peut être balayé que si le sportif a bien
préparé sa reconversion » (Le Matin Dimanche, 27.11.2011). Urs Lehmann est
un très bel exemple de cette transition réussie. Rencontre à Jonen (AG) avec un
homme décontracté, cordial, passionnant et qui connait le succès.
De quelle région es-tu originaire ?
Je suis né à Rudolfstetten et je vis actuellement toujours
dans le canton d’Argovie avec ma famille. J’étais à l’époque un des seuls
skieurs provenant de la région Mittelland.
Pourquoi avoir choisi le ski ?
J’ai grandi dans un environnement de sportifs et sept
membres de ma famille ont joué avec le SC Langnau. Je pratiquais le tennis, le
football… et aussi le ski pour lequel j’ai finalement opté un peu par hasard.
Heureux hasard pour toi, mais aussi pour la Suisse ! Le
succès a été rapidement au rendez-vous, déjà en tant que junior…
Tu fais probablement allusion à mon titre mondial junior de
descente en 1987 à Hemsedal (Norvège). Dans la même année, l’aide sportive
suisse m’a désigné sportif suisse de l’année dans la catégorie 'jeunes
athlètes’. Cela constituait une belle motivation pour la suite de mon parcours.
Je m’imagine ! Tu as brillamment confirmé ce titre
mondial junior, mais cette fois-ci en catégorie élite, chez les 'grands’ ?
Je suis, en effet, devenu champion du monde de descente à
Morioka en 1993. Je peux dire que ce titre a contribué à changer ma vie.
Quels sont les meilleurs souvenirs de ta carrière de sportif
d’élite ?
Malgré d’innombrables blessures à répétition, c’est l’ensemble
des huit années passées en coupe du monde de ski qui restent à jamais gravées
dans mon esprit. Cependant, il est évident que ce titre de champion du monde
constitue un moment particulier et chargé d’émotions.
Comment as-tu préparé ta reconversion sportive ?
J’avais toujours à l’esprit qu’après le ski, j’avais encore
30 ans de vie professionnelle. Fort de cette réflexion, j’ai obtenu mon
baccalauréat en parallèle à ma carrière de skieur.
Tu as mis un terme à ta carrière de skieur en 1997 et tu as
entrepris de brillantes études ?
J’ai suivi un cursus universitaire à Zurich puis à St Gall
obtenant une licence puis un doctorat en sciences économiques.
Abordons donc ta deuxième vie après le sport, quelle est ton
activité professionnelle actuelle ?
En 2009, j’ai été nommé CEO d'un groupe qui
développe et produit des médicaments homéopathiques très appréciés, avant d’en
devenir copropriétaire en 2017. Je suis également propriétaire de la compagnie
de transports Taxi Lehmann depuis 2018, société fondée par mon père il y a
quarante ans.
Tu n’as pas quitté l’environnement du sport. Depuis 2008, tu
es Président de Swiss Ski. Ton arrivée correspondait à une période très difficile
?
C’est juste. L’équipe suisse de ski alpin n’avait obtenu
aucune médaille lors des championnats du monde de Bormio. Cela constituait un
beau défi que je me réjouissais de relever.
Sous ta Présidence depuis quinze ans, Swiss Ski a vécu et
vit une période exceptionnelle…
Que ce soit dans la vie professionnelle ou sportive, il faut
avoir du succès. Les performances sont synonymes de plus de moyens financiers
disponibles à investir pour l’avenir.
Que t’inspire ce succès, notamment du ski alpin? La Suisse
est le leader incontesté au classement par nations. Difficile de faire mieux… voire
de se maintenir à un tel niveau ?
Je suis conscient de la nécessité de surfer le plus
longtemps possible sur cette vague du succès. Nous investissons beaucoup sur la
relève avec l’objectif de nous maintenir le plus longtemps à ce niveau.
Les championnats du monde de ski alpin de Crans-Montana de
1987 ont marqué l’histoire du sport suisse avec une moisson de 14 médailles. En
2027, soit quarante après, nous retrouverons Crans-Montana pour de nouveaux
championnats du monde. J’imagine ton bonheur ?
Tu l’as bien compris. Cet événement sera une fête
extraordinaire dans tous les sens du terme. Je m’en réjouis énormément pour la
Suisse et pour le ski en général.
Si j’en avais le pouvoir, je te nommerais Président de la
BNS (Banque Nationale Suisse) tant j’ai l’impression que tout ce que tu touches
est transformé en or ! Comment l’expliques-tu ?
(Sourire). Je m’engage totalement et avec passion. Une de
mes priorités est de m’entourer de personnes compétentes et de développer un
très bon esprit d’équipe. Déjà durant ma carrière sportive, je préparais le
futur. Je suis un visionnaire, en permanence orienté vers l’avenir. Le sport m’a
beaucoup apporté et m’inspire dans ma vie quotidienne.
Je me permets une petite incursion dans ta vie privée. Tu es
entouré de deux charmantes dames ?
Merci. J’ai épousé Conny Kissling, ancienne skieuse
acrobatique et multiple médaillée aux Jeux Olympiques et championnats du monde
(Réd. Conny Kissling régna dans cette discipline durant plus de dix ans). J’ai
aussi le plaisir d’être le père de Nina, qui pratique aussi le ski de
compétition.
Plus d’infos sur Urs Lehmann :
www.urs-lehmann.ch
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